Théâtre
pièce en un acte
d’après Salomé par Oscar Wilde
avec par ordre d’apparition :
plusieurs enveloppes d’ELLE
plusieurs groupes d’EUX
LUI
plusieurs enveloppes d’UBU
UN ÉTRANGER.
UN SECOND ÉTRANGER.
UN TROISIÈME ÉTRANGER.
UN QUATRIÈME ÉTRANGER.
UN CINQUIÈME ÉTRANGER.
UNE VOIX (d’outre-tombe).
ELLE. Est belle ce soir !
ELLE. Est morte !
ELLE. Est étrange !
ELLE. Va très lentement !
EUX. Quel vacarme !
EUX. Qui hurle ?
EUX. Les anges discutent.
EUX. Pourquoi discutent-ils ?
EUX. Sais pas.
EUX. Sais même pas s’il y a des anges, peut-être que les anges n’existent pas.
EUX. Et puis c’est ridicule de discuter.
ELLE. Est belle ce soir !
ELLE. Peut arriver malheur !
ELLE. Est très belle ce soir.
ELLE. A l’air sombre !
ELLE. Oui, a l’air sombre !
EUX. Elle regarde quelque chose.
EUX. Elle regarde quelqu’un.
EUX. Qui ?
EUX. Sais pas.
EUX. Sais pâle ! Si pâle ! Il ne faut pâle !
ELLE. A boire !
EUX. C’est elle qui porte les perles.
EUX. Oui, c’est elle.
EUX. Aime beaucoup !
EUX. Je ne l’ai jamais vue.
EUX. Comme ça est jaune comme de l’or.
EUX. Comme ça est rouge comme le sang.
EUX. Aime beaucoup le sang quand il est jeune et vierge.
EUX. Je ne le crois pas. Je pense qu’il est mort.
EUX. Peux pas voir. Peux pas comprendre cela.
EUX. Peux pas voir. Absolument ridicule.
[une voix caverneuse]
LUI. Après moi viendra un autre Moi.
EUX. Faites-le taire ! ! !
EUX. Il dit toujours des choses absurdes !
ELLE. Mais non il me remercie toujours.
ELLE. Qui est-ce ?
EUX. C’est Lui.
ELLE. Quel est son nom ?
EUX. C’est Moi.
ELLE. D’où vient-il ?
EUX. Des poils d’un chameau, et d’une grande foule de disciples.
ELLE. De quoi parle-t-il ?
EUX. De choses impossible à comprendre.
ELLE. Peut-on le voir ?
EUX. Non. A caché son visage derrière ses mains.
EUX. Mais pourquoi regarder ?
EUX. Peut arriver malheur.
EUX. Étrange !
EUX. C’est ancien ?
EUX. En tous cas très malsain !
EUX. Qui a osé faire la fin ?
EUX. Celui-là.
EUX. Pas eu peur ?
EUX. Mais non. A envoyé la bague.
EUX. Quelle bague ?
EUX. La bague de la mort. Ainsi, pas eu peur.
EUX. Cependant, c’est terrible.
EUX. Pourquoi ? C’est comme pour les autres.
EUX. Oui, mais c’est terrible.
EUX. Oui, c’est terrible.
EUX. C’est terrible !
EUX. Elle se lève ! Elle quitte l’air et vient par ici.
EUX. Oui, elle vient.
EUX. Est pâle.
EUX. Si pâle !
EUX. Ne pas regarder.
EUX. Elle agite le vent.
ELLE. Je ne… Je ne peux.
ELLE. Me regarde-t-il ?
ELLE. Je ne sais…
EUX. … ?
ELLE. Comme l’air est… enfin, on respire !
ELLE. Ah ! Que je déteste l’air en commun.
EUX. … ?
EUX. Pourquoi parler ?
EUX. Pourquoi regarder ?
EUX. Oh ! Va arriver malheur.
ELLE. Que c’est bon !
ELLE. Est froide et chaste.
ELLE. Est vierge ?
ELLE. Oui ! Est vierge.
[La même voix caverneuse.]
LUI. Il est venu ! Il est venu !
ELLE. Qui a crié ?
EUX. C’est Lui ! Faites-le taire.
EUX. Ah ! Lui. Ce Lui dont on a peur ?
EUX. Nous ne savons. C’est Lui.
ELLE. Il est très beau !
ELLE. Il dit des choses monstrueuses, n’est-ce pas ?
EUX. Nous ne comprenons jamais ce qu’il dit !
EUX. Oui, il dit des choses monstrueuses.
EUX. Retournez…
[Eux tentent de pousser Elle à l’opposé de Lui.]
ELLE. Non !
EUX. Pourrait arriver un malheur.
ELLE. Est-ce Lui ?
EUX. Il vaudrait mieux.
ELLE. Lui ! Est-ce Lui ?
EUX. Non, c’est un autre Lui.
EUX. On ne sait pas. Il y en a qui disent que c’est et Lui.
ELLE. Qui est et Lui ?
EUX. Quelle réponse dois-je donner ?
EUX. Un très ancien Lui de ce pays.
LUI. La terre dévorera les oiseaux.
ELLE. Étrange ! Je voudrais parler.
ELLE. Et pourtant j’ai peur.
EUX. C’est impossible. Il ne veut pas. Il est défendu de parler.
ELLE. Je veux parler.
EUX. C’est impossible.
ELLE. Je le veux.
EUX. Retournez…
[Nouvelle tentative d’Eux pour éloigner Elle.]
ELLE. Faites le sortir.
EUX. Nous n’osons pas.
EUX. Comme il fait noir ! Terrible d’être dans une tombe !
ELLE. Vous ne m’avez pas entendue ?
ELLE. Faites-le sortir.
ELLE. Je veux le voir.
EUX. Ne pas nous demander cela.
ELLE. Vous me faites attendre.
EUX. Nous ne pouvons.
EUX. Ce n’est pas à nous.
EUX. Ah !
EUX. Oh !
EUX. Va arriver ?
EUX. Va arriver un malheur !
ELLE. Vous ferez cela pour moi, n’est-ce pas ?
ELLE. Vous ferez cela pour moi ?
ELLE. N’est-ce pas que vous ferez cela pour moi ?
ELLE. Je veux regarder, ce Lui.
ELLE. On a tant parlé de Lui.
ELLE. J’ai si souvent entendu parler de Lui.
ELLE. Je pense à Lui.
ELLE. Est-ce que vous aussi, est-ce que vous aussi vous avez peur de Lui ?
EUX. Pas peur de Lui.
EUX. Peur que de lever le couvercle de Ce puits !
ELLE. Vous ferez cela pour moi.
EUX. Je ne puis.
EUX. Je ne puis.
ELLE. Vous ferez cela pour moi.
ELLE. Vous savez bien que vous ferez cela pour moi.
ELLE. Vous le savez bien, n’est-ce pas ? Moi, je sais bien.
ELLE. Faites le sortir ! Veux le voir.
[Lui apparaît à la lisière de la lumière.]
EUX. Ah !
EUX. Oh ! A l’air étrange !
EUX. On dirait un mort.
EUX. Très étrange. On dirait des yeux de nuages.
LUI. Où est la coupe ? Est déjà pleine ? Où est l’argent ? Dites-lui de venir !
ELLE. De qui parle-t-il ?
EUX. On ne sait jamais.
LUI. Où est celle qui ayant vu a tracé avec ses yeux ?
ELLE. C’est de la mer qu’il parle ?
EUX. Mais non !
ELLE. Si, c’est de la mer !
LUI. Où est sa tête ? Où est son grand corps ? Dites-lui de se lever de l’horizon !
ELLE. Est terrible ! Est terrible !
EUX. Pas ici !
ELLE. Ses yeux ont des trous noirs…
ELLE. …où demeurent les ombres…
ELLE. …de tous les hommes…
ELLE. …et de la lune !
EUX. Pas ici ! Pas ici !
ELLE. Son ivoire est chaste…
ELLE. …et sa chair est froide !
ELLE. On dirait de l’argent !
ELLE. Je veux !
ELLE. Je le veux !
ELLE. Oui ! Je le veux !
EUX. Non, non, non !
ELLE. Il faut ! ! !
EUX. Cessez ! ! ! !
LUI. Qui est celle que je ne veux pas ? Pourquoi me regarde-t-elle avec un “ je ne sais quoi ” de “ je ne veux pas le savoir ” ? Dites-lui ! Ce n’est pas à elle !
ELLE. Je suis, cessez !
LUI. Arrière ! Fille de ta mère ! A terre et crie !
ELLE. Parle encore, et Lui. Ta voix m’enivre.
EUX. Elle !
EUX. Oh elle !
EUX. Oh ! Oh ! Oh !
ELLE. Mais parle encore. Parle encore et Lui ou il faut que je le fasse.
LUI. Fille de Sodome cherche le fils de l’Homme.
ELLE. Ton fils est-il aussi beau que toi, et Lui ?
LUI. Arrière ! Arrière ! J’entends la mort.
EUX. Cessez, retournez !
LUI. Ange du glaive ! Dans cet immonde argent mourra celui qui n’est pas venu !
ELLE. et Lui !
LUI. Qui parle ?
ELLE. et Lui ! Je suis ton corps !
ELLE. Je suis ton corps !
ELLE. Ton corps est comme…Ton corps est comme… Comme l’aurore sur les feuilles de la mer…
ELLE. Il n’y a rien au monde que ton corps.
ELLE. et Lui ! Laisse-moi ton corps !
LUI. Arrière, fille de femme du monde. Ne parle pas. Je ne veux pas. Je ne t’écoute pas.
ELLE. Son corps est… Comme le corps d’un…Il est comme… Ou comme…
ELLE. C’est horrible ! Horrible !
ELLE. Je suis amoureuse, et Lui ! Je te veux.
ELLE. Je te veux où il n’y a rien qu’un je te veux.
ELLE. Laisse-moi toucher ton corps. Je te veux.
LUI. Arrière, fille de pas profane !
ELLE. Je te veux. C’est horrible.
ELLE. Poussière, on dirait ?
ELLE. Épines, on dirait ?
ELLE. Je ne suis pas amoureuse.
ELLE. Je te veux ! ! !
ELLE. Je n’aime pas ce nœud autour de ta bouche.
ELLE. Je suis amoureuse, et Lui.
ELLE. Ta bouche est comme…
ELLE. Elle est comme une colombe qui demeure dans les temples et se nourrit de prêtres.
ELLE. Elle est… Ta bouche est comme…
ELLE. Elle est comme… Elle est comme…
ELLE. Rien que ta bouche…
ELLE. Ta bouche.
LUI. Jamais ! Fille de Jamais !
ELLE. Ta bouche, et Lui ! Ta bouche !
EUX. Cessez, cessez !
EUX. Regardez l’homme !
EUX. Les choses sont dites.
EUX. Vous ne pouvez le souffrir.
EUX. Cessez, cessez !
EUX. Les choses sont dites.
ELLE. Ta bouche, et Lui !
[Quelqu’un à part.]
EUX. Aaaaah !
EUX. Quelqu’un s’est tué ! Quelqu’un s’est tué ! Il s’est tué, mon ennemi !
EUX. Il s’est tué ?
EUX. Ah ! Un malheur est arrivé !
EUX. Moi-même j’ai dit “ Va arriver ”.
EUX. Je savais mais je ne savais pas qui.
EUX Ah ! Pourquoi ne pas l’avoir vu ?
EUX. Cessez, quelqu’un vient de se tuer.
ELLE. Ta bouche, et Lui !
LUI. N’avez-vous pas entendu l’ange de la mort qui est venu ?
ELLE. Ta bouche ! ! !
LUI. Fille ! Ce dont je t’ai parlé va le chercher. Appelle-le ! Appelle-le longtemps car il parle ! Il parle ! Il parle longtemps et très fort ! Il parle à toutes celles qui l’appellent.
ELLE. Ta bouche ! ! ! Ta bouche ! ! !
LUI. Tu dis mal ! Tu dis mal !
ELLE. Ta bouche, et Lui.
LUI. Je ne veux pas. Tu dis mal ! Tu dis mal !
ELLE. Ta bouche, et Lui, ta bouche ! ! !
[Autour du cadavre.]
EUX. Il s’est tué lui-même. Qui s’occupe de son cadavre puisqu’il ne peut le faire lui-même ?
EUX. Il portait ses mains au bord de la rivière.
EUX. Il parlait toujours à la rivière.
EUX. Vous avez raison. Il faut et il ne faut pas.
EUX. Viendra plus ici.
EUX. Plus jamais.
EUX. Trop prophète.
EUX. Au fait, où est-elle ?
EUX. Oui. Où est-elle ?
EUX. Pourquoi…
EUX. Ah ! La voilà !
EUX. Pas la regarder sinon la regarder toujours !
EUX. Air très étrange ce soir. N’est-ce pas, l’air très étrange ?
EUX. Elle est nue aussi. Elle est toute nue.
EUX. Elle chancelle. Elle est ivre.
EUX. N’est-ce pas qu’elle est comme ivre ? N’est-ce pas ?
EUX. Non. Elle ressemble à tout et à rien.
[Un second groupe d’Eux arrive.]
UBU. Je reste !
EUX. Vous restez ?
UBU. Oui, l’air est délicieusement mauvais.
UBU. Ah ! Du sang !
UBU. Je marche dans le sang !
UBU. Que fait ici ce cadavre ?
UBU. Qui est-ce ?
EUX. C’est un des nôtres.
UBU. Je ne lui donné aucun ordre de se tuer !
EUX. Il s’est tué quand même.
UBU. Pourquoi ? Il était des nôtres !
EUX. Nous savons seulement qu’il s’est tué lui-même.
UBU. Je pensais qu’il n’y avait que les amoureux de la sagesse qui se tuaient. N’est-ce pas ?
EUX. Il y en a.
UBU. Moi, je ne lui donné aucun ordre de se tuer !
ELLE. On rit beaucoup.
UBU. Ah ! Il a fait ce qu’il a pu ?
EUX. Il put presque tout faire… C’est beau.
UBU. Il en a fait tout de même un peu trop.
EUX. En effet, un peu trop.
ELLE. Il y en a d’autres qui en font trop.
UBU. Maintenant il est mort.
UBU. Emporter le vent ! N’est-ce pas qu’il y a du vent ?
UBU. Emporter le froid ! Je ne veux pas de froid ici !
UBU. Emportez-le !
EUX. Mais non. Il n’y a pas de vent.
UBU. Mais si, ne l’entendez-vous pas ?
EUX (en chœur doucement). Non.
UBU. C’était le doute qui passe.
EUX. Non ! Rien.
[Eux et Ubu regardant Elle.]
EUX. Malade. Malade.
EUX. Très malade, si pâle !
UBU. Je vous ai dit de…
UBU. Du vin ! Qu’on apporte du vin !
UBU. venez avec moi.
UBU. J’ai un vin ici qui est…
UBU. …là-dedans.
ELLE. Pas soif !
UBU. Vous entendez !
EUX. A bien raison ! Pourquoi vous toujours ?
UBU. Des fruits. Qu’on apporte des fruits !
UBU. Du fruit ! J’aime ce fruit ! Mordez !
ELLE. Pas faim !
UBU. Voilà comme vous…
ELLE. Nous de race royale qui gardait les chameaux.
UBU. De race royale ? Vous mentez !
ELLE. Qui gardait les chameaux ! C’est la vérité !
UBU. Venez vous asseoir sur le trône.
ELLE. Pas fatiguée.
UBU. Vous voyez ! ! !
UBU. Euh !… Qu’est-ce que… ?
UBU. Ah ! Ah ! je me souviens…
LUI. Voici le temps ! Voici le jour !
EUX (en chœur). Faites-le taire !
EUX. Il vomit toujours !
UBU. Il n’a rien dit !
ELLE. Je ne crois pas qu’un homme peut dire ce qu’il sait…
ELLE. …ou bien…
ELLE. …vous avez peur de Lui…
ELLE. …enfin, je sais bien…
ELLE. …vous avez peur de Lui.
UBU. Pas peur de Lui.
UBU. Peur de rien.
UBU. Peur de personne.
EUX (en chœur). Si, vous avez peur !
UN ÉTRANGER. En effet, en effet.
UBU. Assez ! Je ne veux pas. Il a vu ! ! !
UN ÉTRANGER. Lui ! Vu ?
UN ÉTRANGER. Impossible. Personne n’a vu depuis Lui.
UN ÉTRANGER. Lui c’est le dernier qui ait vu !
UN ÉTRANGER. En ce temps-ci, ne se montre pas.
UN ÉTRANGER. Se cache ! ! !
UN ÉTRANGER. Grands malheurs ! ! !
UN SECOND ÉTRANGER. On ne sait même pas si Lui a vu !
UN SECOND ÉTRANGER. Alors ! Pensez-vous ! et Lui !
UN TROISIÈME ÉTRANGER. Se cache jamais. Se montre toujours.
UN TROISIÈME ÉTRANGER. Il est le mal.
UN TROISIÈME ÉTRANGER. Il est le bien.
UN QUATRIÈME ÉTRANGER. Chut ! Pas dire !
UN QUATRIÈME ÉTRANGER. C’est des idées… des idées…
UN CINQUIÈME ÉTRANGER. Peut pas savoir.
UN CINQUIÈME ÉTRANGER. Peut rien savoir.
UN CINQUIÈME ÉTRANGER. Le nécessaire, c’est tout.
UN CINQUIÈME ÉTRANGER. Très fort.
UN CINQUIÈME ÉTRANGER. On s’en fout !
LE PREMIER ÉTRANGER. C’est vrai ?
LE PREMIER ÉTRANGER. C’est terrible !
LE PREMIER ÉTRANGER. et Lui n’a jamais vu !
LE PREMIER ÉTRANGER. Personne n’a vu depuis Lui !
EUX (en chœur). Faites-les taire !
UBU. Mais j’ai entendu dire qu’et Lui est Lui !
UN ÉTRANGER. Pas possible ! Lui ? Pffffffffff !
EUX. Il y en a qui disent que c’est Lui !
EUX. Sûr que c’est Lui !
UN ÉTRANGER. Mais non, ce n’est pas Lui !
LUI. Le jour est venu et j’entends les pieds de celui qui ne sera pas né de ce monde.
UBU. Qu’est ce que cela veut dire “ pas né de ce monde ” ?
EUX. C’est un poisson très certainement !
EUX. On ne m’a rien dit.
EUX. En effet, moi non plus. Je vous explique ! C’est tout !
EUX. Il ne peut pas. Il a des raisons d’éléphant.
EUX. Il viendra s’il veut il ne viendra pas.
UBU. Ce n’est pas des raisons d’éléphant dont on parle !
EUX. Pas…?
EUX. Non.
EUX. De quoi donc parle-t-on ?
EUX. De Lui…
EUX. …ou d’et Lui…
EUX. …qui est…
EUX. …ou qui sont venus !
UN ÉTRANGER. Ni Lui, ni et Lui ne sont venus !
EUX. Si ! Partout !
UBU. Oh ! Oh ! J’en ai vu trop !
EUX. C’est l’occasion de l’eau en vin.
EUX. On me l’a dit. Seulement en la touchant !
EUX. Non, c’était de l’huile !
EUX. Non, c’était du vin !
EUX. Ça n’existent pas.
EUX. Si ça existe ! Mais il n’a pas vu !
EUX. Il a vu des anges.
EUX. Pas possible ? ! ? !
UBU. Qu’ils se taisent ! Ils sont trop stupides !
UBU. Oui tout à fait stupides !
UBU. De l’air ! Oui de l’air à rêver.
UBU. Non ! Faut pas rêver.
UBU. Juste de l’air ! De l’air ! De l’air !
EUX. Aussi il y a le m…
EUX. Mais oui, c’est ça. On ne peut pas…
UBU. Des fous ! Qu’ils se taisent !
UBU. Qu’est-ce que c’est que ce m… ?
EUX (en chœur doucement). Le mort.
UBU. Le mort…
EUX. Oui, le mort !
EUX. Le mort…
EUX. Le mort…
UBU. Le mort ?
UBU. Le mort !
UBU. Je lui défends de faire le mort. Où est-il ?
EUX. Partout et nulle part.
EUX. Au présent !
UN ÉTRANGER. On voit bien que ce n’est pas Lui.
UN ÉTRANGER. Lui n’irait jamais chez les morts.
EUX. Je crois qu’il est sur un chemin de croix !
UBU. Mais non, pas là.
UBU. Enfin, je lui interdis de faire le mort !
UBU. Il peut faire tout ce qu’il veut, mais je lui interdis de faire le mort.
EUX. Oui ! Il y a assez de morts comme ça !
EUX. Oui, assez !
EUX. Cessez ! Il faut que cela cesse !
EUX. Ce serait terrible !
UBU. Oui ! Terrible !
LUI (au loin). Ah! La putain ! Ah! La fille de la maquerelle ! Dites-leur qu’on la tue !
EUX (en chœur). Qu’il se taise !
LUI (au loin). Qu’on l’écrase avec tous les engins de guerre !
EUX (en chœur). Abject !
LUI (au loin). Les crimes sont sur terre pour apprendre à ne pas les imiter.
EUX (en chœur). Qu’il se taise !
UBU. Mais il n’a rien dit.
EUX. Et alors ?
EUX. Vous savez bien ce qu’il cherche, n’est-ce pas ?
EUX. Oui, et vous avez commencé.
UBU. C’est vous !
EUX. En effet, mais ne parlons pas d’épouvante.
EUX. Va arriver malheur.
EUX. Buvons aux malheurs !
EUX. Remplissez de malheurs les grandes coupes d’argent !
EUX. Buvons à la santé des malheurs !
EUX. Il faut boire à la santé des malheurs !
TOUS (sauf Elle). Malheur ! Malheur !
EUX. Est pâle.
EUX. Qu’est-ce que cela vous fait qu’elle soit pâle ou non ?
EUX. Jamais vue aussi pâle !
EUX. Pas regarder.
LUI (au loin). Le soleil deviendra la lune. La lune deviendra le soleil et les étoiles auront peur.
EUX. Ah ! Ah ! Le soleil deviendra la lune.
EUX. Ah ! Ah ! La lune deviendra le soleil.
EUX. Ah ! Ah ! Les étoiles auront peur.
EUX. Qu’il se taise !
UBU. Mais non. Je comprends que cela peut être sage.
EUX. Nous ne croyons pas aux sages.
UBU. Peut-être qu’il est Dieu !
EUX. Qui est-ce Dieu ? D’où vient-il ? Peut-on le trouver ?
UBU. Est-ce que… ?
UBU. Quoi… ?
UBU. Quoi…? Ah ! N’est-ce pas ? J’ai oublié.
UBU. Qui est-ce Dieu…
EUX. Vous regardez encore ?
UBU. D’où vient-il…
EUX. Il ne faut pas !
UBU. Peut-on le trouver…
EUX. Nous vous avons déjà dit cela !
UBU. Vous ne dites que cela.
EUX. Nous le redisons.
UBU. Dont on a tant parlé ?
UBU. Est-ce que nous allons vers ce qui a disparu ?
EUX. Cessez de parler à tort et à travers.
UBU. Oui ! Dansez pour moi.
EUX. Non pas ça, non pas ça !
EUX. Non pas ça, non pas ça !
ELLE. Aucune envie.
UBU. Dansez pour moi.
EUX. Assez ! Assez !
EUX. Assez ! Assez !
UBU. Je vous l’ordonne.
ELLE. Non !
UBU. Voilà !
UBU. Qu’est-ce que cela me fait ? Rien.
UBU. Je suis favorisé.
UBU. Je suis très favorisé.
UBU. Jamais je n’ai été si favorisé.
EUX. Il a l’air terrible. N’est-ce pas qu’il a l’air terrible ?
EUX. Il a l’air terrible.
UBU. Pourquoi ne serais-je pas le maître, le maître de tout ?
UBU. Je m’aime beaucoup.
UBU. Je m’enverrai des cadeaux de grande valeur.
UBU. Je crucifierai mes ennemis.
UBU. Tout ce que je voudrais.
UBU. Enfin, le maître.
UBU. Je suis favorisé.
UBU. Je suis très favorisé.
UBU. Jamais je n’ai été si favorisé.
LUI (au loin). Il sera un ver.
EUX. Vous entendez ? Il dit que vous serez un ver.
UBU. Non, il parle de mon ennemi ! C’est lui qui sera un ver !
UBU. Peut-être a-t-il raison… en effet, vous êtes sous terre !
EUX (en chœur). Sous terre, nous ? C’est vous qui êtes sous terre ! Ce n’est pas nous !
UBU. Taisez-vous ! ! ! Je vous dis que vous êtes sous terre !
UBU. et Lui ne dit que des malheurs.
UBU. J’ai peur. Je suis sûr des moments de malheur.
UBU. Non ! Je suis favorisé.
UBU. C’est cela ! Je suis très favorisé.
UBU. Jamais je n’ai été si favorisé.
UBU. Belle humeur !
UBU. Rentrons.
UBU. N’est-ce pas ?
EUX. Il a l’air terrible.
EUX. Oui, il a l’air terrible.
UBU. Pour moi. Dansez pour moi.
UBU. Je suis pitoyable.
UBU. Oui, je suis très pitoyable.
UBU. Je suis entre ici et nulle part.
UBU. Je suis pitoyable.
UBU. Dansez pour moi.
UBU. Dansez pour moi !
UBU. Si vous dansez pour moi je vous le donnerai tout !
UBU. Oui, dansez pour moi, et je vous donnerai tout…
UBU. …jusqu’à la moitié !
ELLE. Vous me donnerez tout ?
EUX. Non pas tout.
EUX. Non pas tout.
UBU. Tout, jusqu’à la moitié.
ELLE. Jurez !
UBU. Je le jure !
EUX. Non pas ça, surtout pas ça !
EUX. Non pas ça, surtout pas ça !
ELLE. Sur quoi ?
UBU. Sur tout ! Je vous le donnerai jusqu’à la moitié de tout.
UBU. Dansez pour moi.
UBU. Oh ! Dansez pour moi.
ELLE. Juré ?
UBU. Juré !
ELLE. Tout jusqu’à la moitié ?
EUX (dans la pagaille générale). Non pas le faire ! Ne pas faire ça !
EUX (dans la pagaille générale). Non pas le faire ! Ne pas faire ça !
UBU. Jusqu’à la moitié.
UBU. Je peux jusqu’à la moitié.
UBU. Ah ! Le froid ! Très froid !
UBU. Pourquoi ? Oh ! on dirait…
UBU. Pourquoi? C’est terrible.
UBU. Donnez-moi du feu.
UBU. La vie est impossible.
UBU. Mais suffit !
UBU. Je suis favorisé.
UBU. Je suis très favorisé.
UBU. J’ai le bonheur d’être favorisé.
UBU. Dansez pour moi. Danser pour moi ! Pour moi.
EUX (en chœur). Pas le faire ! Arriver malheur !
EUX (en chœur). Pas le faire ! Arriver malheur !
ELLE. Je danserai.
UBU. je vous donnerai tout, jusqu’à la moitié.
UBU. Je le jure, n’est-ce pas ?
ELLE. Juré ?
UBU. Ma parole de chez parole !
UBU. Ma parole, et ma parole c’est de la parole !
UBU. Je ne veux pas devenir un ver ; et Lui l’a dit.
UBU. Eh bien ! Qu’attendez-vous ?
ELLE. J’attends le voile.
UBU. Ah ! vous allez danser nue !
UBU. C’est bien ! C’est très bien !
UBU. …sur un arbre…
UBU. Ah ! non. Pas dans le sang !
UBU. Il y a du sang !
UBU. Pas dans le sang.
ELLE. Chacun son tour !
EUX. Ah ! Ah ! La lune est devenue du sang.
EUX. Ah ! La lune devient du sang. Du sang. Ne voyez-vous pas ?
EUX. Je vois que vous êtes fou.
EUX. Je vous dis !
LUI (au loin). Celui qui vient… vient laver son linge dans le sang !
EUX. Faites-le taire. Qu’il arrête de crier comme cela.
EUX. Pas regarder. Pas danser.
EUX. Pas danser. Pas regarder.
UBU. Dansez, dansez pour moi.
EUX (en chœur). Pas le faire ! Arriver malheur !
EUX (en chœur). Pas le faire ! Arriver malheur !
EUX (en chœur). Pas le faire ! Arriver malheur !
[Elle danse nue sous un léger voile.]
UBU. Ah ! c’est sublime !
UBU. C’est extraordinaire !
UBU. Vous avez dansé pour moi.
UBU. Approchez ! Approchez !
UBU. Ah ! Dites ! Dites !
UBU. Que voulez-vous ?
ELLE. Je veux…
ELLE. Je veux…
ELLE. Je veux…
UBU. Ha ! Ha ! Ha !
UBU. Mais oui ! Mais oui !
UBU. Certainement. N’est-ce pas ?
UBU. Que voulez-vous ?
UBU. Ô belle des belles, que voulez-vous ?
UBU. Dites-moi !
UBU. Que voulez-vous ?
ELLE. Je veux…
ELLE. …la tête d’et Lui !
EUX. Ah ! Bien dit !
UBU. Non, non.
EUX. Bien dit !
UBU. Non, non. Vous ne me…
UBU. Mauvais, mauvais.
UBU. Il ne faut pas.
ELLE. Je veux la tête d’et Lui.
ELLE. Vous avez juré.
ELLE. Juré !
UBU. Demandez-moi…
UBU. Demandez-moi autre chose.
UBU. Demandez-moi la moitié de tout mais pas ça.
ELLE. Sa tête.
UBU. Non, non, non !
EUX. Juré !
EUX. Oui, juré.
EUX. Vous avez juré.
UBU (hurlant). Faites-les taire !
EUX. Demandez sa tête !
EUX. Ne cédez pas.
EUX. C’est juré.
EUX. Juré !
UBU (hurlant). Faites-les taire !
[Ubu reprend son calme.]
UBU. Voyons, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?
UBU. C’est horr… épouvantable…
UBU. …épouv… horrible…
UBU. …ce n’est pas sérieux ?…
UBU. …Sa tête n’est-ce pas ?…
UBU. …ce n’est pas ?…
UBU. …aucun…
UBU. …Non, non, non !
UBU. Demandez-moi le monde ! N’est-ce pas ?
UBU. Demandez-moi le monde et il est à vous.
ELLE. Sa tête !
UBU. Vous ne m’écoutez pas !
UBU. Vous ne m’écoutez pas !
UBU. Laissez-moi parler !
ELLE. Sa tête !
UBU. Non, non, pas cela.
UBU. Eh ! bien, oui. Le ferai plus.
UBU. Oh ! Oh ! du vin !
UBU. Qu’est-ce que… ?
UBU. Qu’est-ce que… ?
UBU. Ah ! Non, non. J’ai peur quand vient la pluie.
UBU. J’ai peur quand elle crie et quand elle monte au ciel.
UBU. Je possède des cygnes les plus merveilleux du monde.
UBU. Il n’y a pas d’oiseaux plus merveilleux !
UBU. Eh bien ! Je vous donnerai mes cygnes.
UBU. Je possède des paons les plus merveilleux du monde.
UBU. Il n’y a pas d’oiseaux plus merveilleux !
UBU. Eh bien ! Je vous donnerai mes paons.
UBU. Je vous donnerai tout. Seulement, je ne peux cela !
ELLE. Donne-moi sa tête.
EUX. Bien dit !
UBU. Il ne faut pas.
UBU. Je vous dis. et Lui vient. Je suis sûr qu’il vient.
UBU. Sa bouche toujours avec lui…
UBU. Ses mots sont terribles.
UBU. Terribles ! ! !
UBU. C’est impossible. Non. Il est impossible.
UBU. Arriverait malheur.
UBU. Arriverait malheur.
UBU. Enfin ! Arriverait un malheur à quelqu’un.
UBU. Très mauvais.
UBU. Très mauvais.
UBU. Eh bien ! Vous ne voulez pas ?
UBU. Dites ! Vous ne voulez pas ?
UBU. Enfin ! Dites-moi !
ELLE. Donne-moi sa tête.
UBU. Je suis favorisé.
UBU. Je suis très favorisé.
UBU. Jamais je n’ai été si favorisé.
UBU. J’ai de l’argent.
UBU. J’ai des colliers de perles.
UBU. J’ai de l’ivoire et des améthystes.
UBU. J’ai des topazes.
UBU. J’ai des tigres.
UBU. J’ai des pigeons.
UBU. J’ai des chats.
UBU. J’ai des yeux toujours en flammes.
UBU. J’ai des esprits qui changent la lune et des fantômes qui font peur au soleil.
UBU. J’ai des onyx et des sélénites et des saphirs…
UBU. …des chrysolites et des béryls…
UBU. …des chrysoprases et des rubis…
UBU. …des sardonyx et des hyacinthes…
UBU. …et des calcédoines et je vous donnerai tout, tout, et d’autres choses.
UBU. J’ai des éventails.
UBU. J’ai des perroquets.
UBU. J’ai une robe.
UBU. J’ai un cristal.
UBU. J’ai trois trésors et ils sont sans prix.
UBU. J’ai deux coupes d’or.
UBU. J’ai des sandales.
UBU. J’ai des manteaux.
UBU. J’ai des bracelets.
UBU. Enfin, que veux-tu ? Je te le donnerai…
UBU. Je te donnerai tout sauf ça.
UBU. Je te donnerai tout…
UBU. Je te donnerai…
UBU. Je te donnerai…
EUX. Oh ! Oh !
ELLE. Donne-moi sa tête.
UBU. Qu’on lui donne !
[Plus loin, plus tard, tandis que Tous erraient.]
UBU. Qui a pris la bague de la mort ?
UBU. Il y avait la mort à son doigt !
EUX. Qui a bu son vin ?
EUX. Il y avait du sang dans sa coupe.
EUX. Va arriver malheur. Ah !
ELLE. Ah ! Bien fait !
EUX (en partant). Va arriver malheur.
ELLE (seule). Rien ?
ELLE (seule). Ah ! Qui Frappe ? Frappe, frappe, frappe encore !
ELLE (seule). Non. Rien. Il n’y a rien.
ELLE (seule). Ah ! Quelque chose tombe. Quelque chose tombe !
ELLE (seule). C’était la peur, cette esclave !
ELLE (seule). Elle laisse tomber quelque chose.
ELLE (seule). Viens la peur.
ELLE (seule). Tu as été l’amie de la mort, n’est-ce pas ?
ELLE (seule). Eh bien, la peur et la mort, vous devez…
ELLE (seule). …m’apporter ce qui m’appartient.
ELLE (seule). Venez ici. Peur et mort, venez ici !
ELLE (seule). Apportez-moi la tête d’et Lui.
ELLE (seule). Apportez-moi la tête d’et Lui.
[Elle prend la tête d’et Lui que l’on découvre posée à terre.]
ELLE (seule). Cachez vos visages. Agenouillez-vous !
ELLE (seule). Ah ! Sa bouche je la baiserai. N’est-ce pas ?
ELLE (seule). Eh bien ! je baiserai maintenant ta colère et ton mépris.
ELLE (seule). Ouvre ta bouche ! Je baiserai ta langue.
ELLE (seule). Eh bien ! je baiserai maintenant ton poison.
ELLE (seule). Eh bien ! je baiserai maintenant ton venin.
ELLE (seule). Tu m’as traitée de putain ?
[Eux arrivent par petits groupes.]
ELLE. C’est étrange, n’est-ce pas ?
ELLE. Comment se fait-il que tu m’as traitée comme une putain ?
ELLE. Moi !
ELLE. Eh bien, et Lui, ta tête j’en fais ce que j’en veux.
ELLE. Ah ! et Lui, et Lui, que j’ai aimé.
ELLE. Ton corps était comme… C’était comme…
ELLE. C’était comme…
ELLE. Il n’y avait rien au monde que ton corps.
ELLE. Il n’y avait rien au monde qu’un “ je te veux ”.
ELLE. Dans le monde tout entier il n’y avait rien que ta bouche.
ELLE. Ah ! pourquoi et Lui ?
ELLE. Tu cachais ton visage. Tu voulais voir et tu as vu, et Lui.
ELLE. Mais moi, moi !
ELLE. Moi. Moi, je t’ai vu, et Lui, et je t’ai tant aimé.
ELLE. Oh ! comme je t’aime encore, et Lui.
ELLE. Que ferai-je, et Lui, maintenant pour éteindre le feu dans mes veines ?
ELLE. Ah ! Ah ! pourquoi et Lui ? Pourquoi ?
ELLE. Pourquoi n’avoir aimé que le mystère de la mort ?
EUX. Quel monstre !
EUX. Quel monstre !
EUX. Quel crime !
EUX. Quel crime ! Quel grand crime ! Quel crime monstrueux !
UNE VOIX (d’outre-tombe). Oh ! Rester ici maintenant… Oh…
UBU. Ah !
EUX. Qui parle ?
EUX. Venez ! Pas rester ici. Venez !
EUX. Va arriver malheur.
EUX. Éteignez les choses. Éteignez la lune ! Éteignez les étoiles !
EUX. Avons peur. Les étoiles disparaissent.
EUX. Avons peur. La lune se cache derrière l’escalier.
[Elle embrasse la tête d’et Lui.]
ELLE. Ah ! Sa bouche A la saveur de l’amour.
ELLE. Oh ! Ses lèvres Ont la saveur de l’amour.
ELLE. Ah ! L’amour A la saveur du sang.
ELLE. Ah ! Son sang A la saveur de la lune.
ELLE. Oh ! Ses lèvres Ont la saveur des étoiles.
TOUS (sauf Elle). Tuez-la !
[Le bruit d’une météorite qui tombe sur Elle.]
du 2 au 6 février 2005