Vis sans fin de vice de formes (part.1)

I
le Démon des Mondes.

Les problèmes appartiennent à un système
une rêverie qui se dit supérieure et libre :
« Matière soit esprit et Forme soit contenu ! »

Nos propres songes appartiennent à l’éternité. Ils illustrent la création du rien en d’autres choses.

Ainsi s’accumulent les interprètes
du tout est possible
du présent Éternel,
éternel et antique
aux matières provisoires.

– o –

L’esprit du stratège se définit comme énergie cosmique.

– o –

Toute forme est une forme
qui se laisse discerner
où elle prend forme
dans l’esprit et la courbe.
La vie est vie,
une métaphore de l’univers.
Ainsi la nature est une art.

Deux dangers cependant :
d’abord la dépouille et,
d’autre part,
le tremblement de terre barométrique en tant qu’activité
qui engendre la mémoire
pénétrée à peindre en mots
sous nos yeux et sous nos mains
une sorte d’irruption dans un monde
de prétexte à l’image dans un monde
d’imitation.

L’inventeur des combinaisons et des ondes
dessina des spires, des orbes, des méandres, des étoiles
en un jour.
Il faut dire que l’esprit était
avant ce jour
complètement
inédit.

Inédit
étranger
signe qui se signifiait
signe vidé ou dévié
halo
suggestion de l’imaginaire
fissure sans étendue ni pensée
comme autant de variations sur les manières
de la matière.

– o –

Le jeu du signe nous donna l’usage du faire.

– o –

Est-ce donc que tout soit vide
comme un esprit à la poursuite
de son esprit qui le fuit ?
Manière au sens particulier :
comme signification et pour acception de soi-même,
comme matière à tics de la mathématique
à l’ombre des rêveurs enlacés.

L’une et l’autre s’aimantant en des tour à tour pressants et obsédants
vie et mort
étrange entrelacs
nœud de serpents qui ondoient sur le lac d’une rêverie
emplie d’éclats
chaotique
qui crée une image du monde
n’étant pas monde,
d’une pensée n’ayant rien de commun
avec la pensée.

En écrivant ces lignes, l’esprit provoque le jeu de l’histoire
acquiert le principe des effets signifiés
aspire à se faire signe
crée la sémantique matière du sens.

– o –

Nous sommes soumis aux métamorphoses perpétuelles
de nos rapports.

– o –

Ah ! L’extrême monotonie des métamorphoses !
Ainsi, Rembrandt peignit Rembrandt.

Est-ce à dire que Raphaël s’était transformé en belle jeune femme
vierge de la maison des coquillages
ces guirlandes de lui-même ?
La métamorphose n’altère en rien l’inépuisable harmonie de l’éternel recommencement.

Absolu, éternel, pour toujours,
le présent est un sommet entre deux pentes,
l’univers par-delà l’histoire,
par-delà les contraires passé et futur
de l’instant qui se fait et se défait,
par-delà les monuments même des enchaînements.

Qu’est-ce donc qui se mesure,
si bien que nous le voyons
tout entier en toutes ses parties ?
Apparu sans être engendré,
dit sans être parlé,
le rien s’est fait ailleurs,
c’est d’ailleurs
toutes les conséquences
que nous pouvons
en tirer.

– o –

Toute interprétation est dialectique et expérimentale.

– o –

Rien n’est plus tentant que le sable répandu
considéré en quelque sorte
comme le théorème des spéculations historiques.
En effet, sa forme coule jusque dans une lointaine combinaison
de vides et de pleins.
Pour chacun de ses points entendez l’antérieure hypothèse,
l’architecture empirique des déchets roidis de la vie
pensée
qui finit par s’exprimer dans la pierre.

– o –

Nous voyons que la vie est soumise à l’art de vivre.

– o –

L’histoire prend fin quand l’homme est le même homme qui se recommence.

Prend fin celui qui cherche à se définir
dans de grossiers balbutiements.
Par quelles expériences ornementales s’incorpore l’homme
en l’Homme universel ?
En se fondant dans la masse ?
En faisant bloc ?
En bâtissant des murs ?
Pire, l’homme rêve de monstres humanisés,
obsédé par la musicalité des canons et des mitrailleuses,
scandant son amour de l’ordre,
multipliant avec constance les lois sur l’inexplicable,
substituant au mouvement l’art des ordonnances
et la monotonie épique des règles qui charpentent,
à contresens,
une voie sans fin de fins qui recommencent.

Prend fin celui qui fulmine le cul trop haut,
humecté par de vaines convenances
comme la stabilité,
comme la sécurité,
car après naît l’inquiétude.
Pourtant, en renonçant à s’élever accéderait-il à la vie perpétuelle,
atteindrait-il l’universelle courbe au-delà du temps,
s’établirait-il paisiblement un nouvel horizon
loin des hauteurs illégitimes et insensées,
pour s’écarter de la chute lente et monotone
qui entraîne aux abysses son bonheur,
comme un fléau fléchissant sur un versant de la balance,
oscillation ou faiblesse,
espérance ou penchant,
bien loin de l’immobile absolu,
de la vie légère et imperceptible.

Brrr, enfin,
les reflets sans vie des identités humaines
qui se révèlent parfois être formes nécessaires de l’imitation,
n’ont pas le privilège des belles statues,
ni celui d’un fils crucifié sur la Belle Croix.
A l’aube de son histoire,
l’homme,
le corps humain,
n’est qu’une pâle imitation.
Au contraire, il put servir de fins et de moyens pour Rome.

Raffinement des solutions les plus hardies,
des paradoxes,
l’image de l’homme
la chair nue devient mur.
Elle signe et annonce le déclin de toute figure et de tout corps.
La Résurrection sent bien le pur goût de l’action inefficace.
Par un analogique procédé,
les femmes en leurs flancs dessinent
l’image de Dieu.

Car Dieu est un moment de la vie des formes,
et sans doute le plus dénaturé,
quoique principe intime qui,
sans frein,
prolifère,
s’accroissant de toutes parts,
perforant tous les possibles,
par l’obsession et la fureur.
Et jamais la forme humaine n’a eut une plus évidente valeur mimique.
Le singe humain contient le signe divin.
Signifie-t-elle du contenu la vie volontaire,
ou la torture pour s’adapter aux frontières de la peau
qui sépare l’homme de sa source ?
Est-ce pour cela que les hommes eux-mêmes
ont l’intérêt pour le passé qui se réveille, le chérissant ?
Si les hommes paraissent distincts, se sentant successifs,
leur histoire cependant n’est qu’un phénomène de rupture,
un intervalle artificiel,
un fossé empli par les siècles et les siècles des siècles.

Au-dessus de la terre, au-dessus de l’homme,
la vie traduit l’esprit,
ou plutôt la forme même du néant,
à l’intérieur duquel agit et respire l’énergie archaïque
propre à favoriser les mouvements nomades,
les vocabulaires sociaux,
à engendrer des types de consciences,
à définir des styles psychologiques,
à modeler des structures géographiques,
à créer ces lumineux déserts d’une certaine idée sur l’homme,
ces paysages et ces horizons, ces silhouettes et,
enfin,
cette poétique de la géologie des mythes.
L’esprit de l’homme qui ondule et se plie,
qui s’infléchit et change,
métamorphose succédant aux métamorphoses,
s’incorpore à la fable irréductible de la matière.

Mais ne semble-t-il pas, cet univers pesant, se détacher de nous ?
N’est-il pas cet aveugle prisonnier de ses automatismes ?

– o –

Le jeu observé de l’Unique ressemble à celui de l’Ensemble Vide.

– o –

Dépouillée de corps,
la matière spirituelle utilise la main pour tirer du texte
sur le papier.
Le cœur humain est l’œuvre d’art nécessaire pour montrer l’inertie en action de cette matière.

D’autre part, il faut envisager la source de la vie
dans une autre région que celle de l’esprit,
par-delà les temps, par-delà les lieux,
peut-être en la nature même d’homme,
en sa nature ou en son cœur,
œuvre d’art unique aux fins absconses des confins cosmiques,
voire,
en chacune de ses pulsations.

1er avril 2006

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