Extexte

Ce qui me plaît aujourd’hui vient-il du passé ?
Je n’en demeure pas moins prisonnier d’un coup d’état permanent
Depuis l’irruption de la Science Historique
Comme manipulation génétique des événements essentiels
Ou voulus comme tels
Comme si l’origine du monde dépendait de ses empereurs
De ses généraux de ses ministres
Comme si le déroulement temporel était une légende
Un roman ou un théâtre
Comme si personne ne pouvait devenir en quelque sorte
Un nouveau Danton un nouveau Robespierre
Comme si une nouvelle race était née
Celle de l’élite et des bien-pensants
Comme s’il était honteux de revendiquer le sang de la République
Ses principes sa tactique
Pourtant les précédents nous sont utiles
Pour juger les politiciens les journalistes
Les ministres et les avocats
Qui ont craché sur le cœur et l’esprit révolutionnaires
Et du coup ont rendu incompréhensible leur propre existence

L’officiel
Celui qui en tout cas s’en rend digne
Est à la hauteur de sa tâche
Celui-là est semblable à ses semblables
Il partage l’inondation et la famine
Il partage la victoire ainsi que la défaite
Or ces temps-ci les princes règnent sur le chaos
En souvenir qui sait de leur origine

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L’histoire serait un combat de chefs
Des barbares campant sur les dynasties
Dominées par les princes qui remplissent leurs étangs de vin lorsque le peuple meurt de faim ou d’ennui

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Aussi diviser le pays en provinces revient à couper un corps au laser

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Le commerce rapporte ?
Difficile à préciser
Face aux civiles contrebandes
Et au trafic de primes
Le commerce s’habille d’importance
Dans son coton sa chimie et son pétrole
Sa laine son porc et son antimoine
Ce qui dépasse
Ce qui se voit
N’est que le comble du monopole de l’acte commercial
Client – galant chien
Et s’il est roi
Seulement de circonstances

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DÉCRET

Désormais l’argent n’a plus de valeur
(Usurière, banquière, ne Monte plus sa Piété !)
Les marchands ne sont pas producteurs
Le bénéfice devient illégal
La matière n’est plus à vendre
Les changeurs n’auront plus boutique ouverte
Et les camelots aux éventails n’achèteront ni ne revendront plus
S’il y a valeur c’est à la valeur de sa représentation
D’un seul poids et d’une seule mesure
Nous n’auront de cesse que le système monétaire
Progressivement accélère sa chute
Que ses gouvernants signent la reddition
Sans autre concession que de disparaître de notre vue
Le plus discrètement
Alors les banques perdront le contrôle pour avoir
Cautionné de tout leur poids fictif
Les colonisations politiques industrielles et commerciales
Vendu les peuples comme une marchandise
Réduit et cloisonné lesdits peuples dans des taudis
Les ployant sous de lourds fardeaux
Qu’il en fusse des hommes des femmes ou des enfants
Les voies d’eau surgissent de toute part sur terre
Consécutivement aux traités et lois inégaux
Et sous les coups répétés d’un trafic qui ignore
Ce que vivant ou humain veut dire
Qui gère la pénurie pour enrichir ceux qui le font
Qui a bradé le bien public
C’est-à-dire la propriété privée du peuple
A l’Internationale Capitaliste Mouvement contre-révolutionnaire
Qui eut son couronnement lors de la Révolution Industrielle
Le téléphone le télégraphe la radio le cinéma la télévision et l’ordinateur
Étant principalement inaugurés pour les besoins gouvernementaux
De surveillance et de gestion des individus
Et pourquoi pas
De manipuler les masses jusqu’aux guerres civiles
Et pourquoi pas
De faire disparaître une nouvelle race
Celle des pauvres des déshérités et des malchanceux
Quand les machines peuvent tout faire sans eux
Ont moins de nécessaire et de revendication
En attendant la disparition des pauvres
Déjà certains se réservent quantités importantes de territoires
Sous le couvert de protection de la nature
Les Amis de la Terre sont les Ennemis de l’Homme

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Qui arrive aborde d’une permission
Il se distingue de la terre en faisant paraître son allure unique
Visible sans précédent
Supposé réalité
Diversité de l’unité

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Ne perdre jamais
La tesse drôlerie s’amuse use des faits bizarres
La peau qui danse sens
Pas de diable dans les choses

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Passe par les mêmes dédains à l’enseignement des auditeurs
Tomber le costume et se mettre en colère et le dire
Suppose que l’on trouve cela tout noir
Ne veux-tu
Pas l’étrange anecdote
Un très piqué devant
Et plusieurs apparitions brusquement punaises
Au vif des portes les personnes les « MOI »
Les points les punaises les écriteaux
Les écriteaux les punaises
Du peuple d’échecs

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Il aime l’imprévu
Au-dessus il enseigne
Du cœur toujours prospère
Sur le genre de superbes tigres
Qui ornent les chatoyants libraires
Il regarde les images
D’une propreté remarquable
Des racines de serpents séchés dans l’estomac
Qui ressemble à un cercueil

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Pleut-il alors des pierres
Elles racolent dans les airs
Attendent l’opéra de laine
Celui qui attire l’œil
Le porc la transe la parente au sceau

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Toutes
Comme les galettes
Satisfont les tonneaux
Ici les orfèvres ici la soierie et là les bouquinistes
Rue des Tranquilles Juges qui ont mal aux dents
En or inestimable

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Ambulant dans la foule
On circule sur les trottoirs des rues de nouilles
ACHETER AFFICHER
VOIX PHONIE ENTENDRE
ENTENDRE LA FOULE QUI NE VEUT PAS
UN CHEMIN DE POLICIER NI DU POLICIER D’ARGENT
PRÉCÉDENT PLUS COMPACT DISTILLÉ
Il y a devant des avants
D’entreprendre la chaussée à son comble
Aller à la mêlée quand d’autres se mettent sous l’abri
Qui ne veulent pas rouler

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Vous avez fait le rêve
Que le navire perdait ses dents avant que vous ne partiez
Que la fortune était au-dessus de l’emplacement de la figure
Les devins de dernière mesure furent nombreux
Armés de leurs livres crasseux
Avec leurs légendes leurs histoires leurs épopées
Sans présent qui s’explique
Ni moment de quête ni raison de continuer

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Au nouvel an apparaissent les marionnettes
L es ventriloques qui font le gong
Qui crient et tapent sur un commissaire
Avec la générosité d’une mouche

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Le bain enduit de crasse légèrement bouillant certains le préfèrent
Auquel se rajoute les rumeurs
Des buveurs qui sirotent calmes
Au bord du loin qui s’étend devant eux
Des heures d’une même ligne
D’un neuf (d’un ŒUF ?) considéré symbole du monde

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Mais voici un homme
Importuné amateur de son maître
Qui porte sa cage
Sa cage à bout de bras
Pour entendre sa cause de mélodie d’or

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D’autres sont des insectes (in-SECTE ?)
Qui conservent soigneusement ce qui les mène à moins
Ils se nourrissent de bruit
Sans discontinuer de bruit
Pour le passe-temps des oreilles
D’autres sont des criquets fidèles
Qui ont dans le crâne un œuf bouilli
Pas un moment pas une urne de combativité
Ils redonnent confiance à leurs adversaires
Ils leurs donnent le goût du sang
Ils portent l’herbe et pourtant terminent en refusant avec la tête
Ou bien suivent la fortune
Refusent avec la tête par intérêt
Perdent leur temps aux dés
S’adonnent à leur vice en dessinant l’échec
D’autres sont des lettrés
Il leur manque une case
Ils compliquent le simple
Ils ont le sang pour adversaire
Ils se font assister de chars
Le sport en tenue militaire
Le football leur unique bijou

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L’art est la révolution
Qui y puise ses principes

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Combattent le serpent et la Tisserande
Ainsi que le jambon qui tire son nom
Du dernier-né des champignons
Un poisson qu’on verse en confection
Sur l’ordre d’un étranger
Dans le palais des deux goûts

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Certes
D’elles
Diront ceux qui se perdent
Cela nous vient
Des cartes centenaires
Ouvrons nos crânes pour manger notre cervelle crue
Même si certains préfèrent cuire les yeux et jeter le reste du corps

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Certes le monde a sa rente
Et ses musiques si différentes parfaitement accordées
Certes le symphonique au timbre rare
A l’harmonie pour répondre à la symphonie
Mais aussi les canons pour la vue
Les canons pour le goût
Les canons pour l’odorat
Des formes tonnantes des bouquets de fer
L’œil orgueilleux l’œil en feu
Du feu des siècles

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Prendre part aux conséquences
Consiste à recevoir l’hôte qui vient
Couvert d’un autre costume
Être son convive agréable
Et lui puiser sur la table des morceaux de tendre nage
Et raffiner le présage
Car chaud est le terme
Comme les thermes d’un moment fin
L’honneur usine des prises de position vers lui en séance
C’est-à-dire être d’un seul trait
D’une seule coupe jusqu’à la goutte
Jusqu’au vin doit-il sonner de temps à autre
Lever son verre pour ne pas boire seul
Pour que les conversations soient vraiment réussies
Et chaudes les mains

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Le vin est dans les coupes
Ce serait immense de les vider
Le grand honneur du général
Au prestige des artistes
Au génie et à la gloire des poètes
Car pour les immortels la vie coule à flots

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Les mots à la coque encourage le neuf
Quand il est de bon ton de refuser davantage
Les sous vils dans les villes vivent en-dessous
Les gens grignotent les vendeurs de bonbons
Ils parlent cacahuètes à haute voix
Le tapage des journaux déplie leur cigarette
Les spectateurs s’étonnent des acteurs
(ce n’est pas toujours dans la bravoure !)
Bien ! Bien !
A cinq heures il n’y a pas de rideau
L’inconnue de six heures représente alors la renommée
Il est de bon ton d’arriver trop tard
En guise de décor des écriteaux sur les chaises
Où il est griffonné
Vive la Convention !
Ou bien
Il faut savoir franchir les murailles !
Un drapeau
Non
Deux drapeaux et un sceau au bout d’un bâton court
Une tête de gland sur un cheval
Un mandarin cubique conduit le sien à l’écurie
Le voilà à terre
A cause de son pied à coulisse
Dans les loges
De grands tabliers habillent des guerriers au pas de circonstance :
– » En ondulant tout est rendu plus fort « , disent-ils.
Les portes imaginaires titubent
Les embuscades se cousent dans la nuit
En aparté
Pareilles aux batailles
Aux ballets et aux acrobaties
Mille piques pour des minutes en trop
Sur une mine quelqu’un se jette
Il est mort
L’accessoiriste gît sur le sol
L’orchestre quitte la salle sans son ni perruque
Laissant derrière lui une invraisemblable cacophonie
Comme une broderie métallique dans le dos des dragons d’or
Mais aussi des peaux d’os sur les robes rouges
Sur les robes jaunes
Sur les chapeaux de cour
Sur les costumes de sort
Les mendiants y seraient des symboles
Des êtres surnaturels en écrin de cheval
Les clowns auraient les joues masculines et seraient de sacrés démons
En portant peint la ruse sous leur maquillage
Les jolies femmes d’ailleurs se mêlent aux amateurs
La limite des hommes étant la déesse
Somme toute
Les déesses sont assez rares
Et la plupart assez comédiennes

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Aujourd’hui la vertu est moquée et récompensé le vice
Le dévouement ridicule et ridicule le grand
Ridicule le Grand néglige
Son honneur
Plante Sa puissance sur Sa danse Sur Son chant populaire spécialisé
Sur Son opéra patriote
En dérision du parlé des petits
Des chansons insupportables rythment Ses troupes
Qui très bruyantes traitent d’héroïsme
Quand ce n’est que superstition

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La plus grande réclame rend aléatoire l’heure
L’entretien de l’abandon imite le théâtre
Où l’être symbolique correspond au fils
Acteur comme son père

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L’amateur de villes possède à domicile
Sa silhouette de mouton
Sous le beau reflet coloré des arbres
Des voitures s’y sont incrustées
Devant les yeux épatés des cochons

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Un nuage ardent suivi de son singe Darwin
Habite en mangeant la chair
En particulier ci-dessus celle d’un enfant
Dieu est un démon
Un veau local qui sert de fidèle aux animaux
On apprend qu’il se retrouve prisonnier
Et malgré tout qu’il continue ses sortilèges
Des sorciers pour lui se battent avec d’immenses flammes et de la beauté
Par leurs gestes sont des montreurs d’importance
Et veillent malheureusement depuis au moins vingt-deux siècles
A la chaise électrique du moribond
Brûlant ses molécules dans des salles d’ombre

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L’homme sage ment à parler

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Forme
Manière matérielle
Mensonge en théorie d’efficacité
Condition technique d’une pièce de théâtre
Concession d’un autre mode
Hérité puis sous influence

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L’immobilité nouvelle semble réalité
Mais n’est qu’une opinion qui demeure dans le passé
A l’Ère des disputes
Bien sûr l’histoire et ses mythes
Accompagnent les siècles d’un fondement stable
Bien sûr les préjugés réduisent les innovations
Et la masse aveugle s’imprègne sans rien apercevoir
Des marées brutales endoctrinements
Quel est donc alors ce crépuscule poursuivi par l’époque
Et pourquoi donc un anarchiste contemporain est-il fait d’eaux tumultueuses
De sang et de larmes
De mots fleuris sexuels
Quel dilemme vit-il dans le noir
Dans le ventre de sa mère
Aux morbides questions ne répond-il pas avec humour
N’exile-t-il pas l’archéologie à l’âge de bronze
Et d’une main de maître ne l’expédie-t-il pas
Au bagne de l’oubli

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Accroître le nouveau
Et ranimer le peuple
Améliorer l’énorme quotidien
Et procurer l’infiniment
Aux visages infiniment

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Ils verront souvent quelqu’un tenir la porte
Mais seront pour la plupart extérieurs à toute modification
Du temps
Comme si l’impulsion la plus brusque pouvait être celle d’un millénaire
Et non celle d’un seul jour
Comme si le petit ne pouvait imposer aux puissances mondiales
Son rôle important de pousser l’humble haleine
A unir tous les habitants de la terre
D’une même conscience
D’un même continent
Entier

en l’an 2000