Formation de l’Univers

 

en Forme – dedans & non nié
de α à Ω – section 1 I vers L

 

 

PRÉAMBULE

Primitivement, dans ces Notes des siècles passés, à ce point ennuyeuses, j’interprétais plus ou moins bien les mots que je prenais dans la figure, au propre comme au figuré, voire ciselés puis enchâssés comme des émaux en certaines de mes augures. J’allais ployant sous l’ouvrage quand il fallait exprimer mes idées. Le sens propre des langues, au gré des projectiles ou alors, ce qui revient au même, au gré des trous que cela produisait quand je produisais des mots, ces sens se perdaient dans le style et dans leur chant. A prendre les mots au moyen de la troisième cataracte (en descendant le Nil ?), pour les yeux inhabiles, c’était, sans nul doute, faire sentir le mystère en écrivant, mais je n’en créais que l’existence potentielle, une forme vide, une bulle, l’ipséité d’un essieu qui ne roulait pas sur terre. Continuer la lecture de « Formation de l’Univers »

Un buis dans une noix

I

Mon digne chroniqueur à claque, Pierre, fer au poing, descendait chaque paysage. L’âge poursuivait Pierre, cent fois visité sous toutes ses faces.
Quand on a songé aux sapins sauvages et mémorables ! Ô ! Seigneur ! Ces géantes batailles de haches !
Et Pierre hochait ses gros yeux de ruines.
Aux us et coutumes de velours et d’argent, il se serait cru devenir un rat à la mode. Le digne chroniqueur allait donc là-bas le 3 juillet examiner ses propres yeux déterrés récemment.

Ses pas s’engrenaient aux heures. Continuer la lecture de « Un buis dans une noix »

On a dit que ne se lassent pas les secrets de mourir la nuit

I

On a dit que ne se lassent pas les secrets de mourir la nuit. Avec des spectres qui vacillent dans leurs yeux d’êtres désespérés à cause de leurs fardeaux sans décharge, ils sont malades ou revenants et emportent en ces heures électriques l’ardente convalescence des soirs d’automne, l’esprit arraché. Leur dépassement est un plaisir dans la peine. Leur calme se mêle aux voiles de la brume. Pleine à la tombée des minutes nocturnes, la rue les absorbe loin des réverbères.

On a dit, de l’abondance en toute chose, sa déroute qui somnole, dans le métro et, quand trop c’est trop, ces êtres glisseraient jusqu’au lit, vide, pour qu’ensuite, solennellement, la pénurie d’amour leur passât la main sur le visage, livide. Continuer la lecture de « On a dit que ne se lassent pas les secrets de mourir la nuit »

à quoi ça ressemble l’âme ?

cet après-midi pourpre hé !
viens à moi !
la foule nous bouscule et nous sommes allés boire
à quoi ça ressemble l’âme ? montre-moi sa carapace !
je lui montre
le flot des voitures
le jour un peu flou passé à la pierre ponce
et nos regards qui fouillent de-ci
de-là
les objets de leur raison d’être ?
feu rouge furieux changements de vitesse
je n’en sais rien
à quoi ça ressemble ?
plus léger que des poumons… peut-être
le doigt dans le nez
nos idées cahotent dans l’insolite
des bribes de petit bonheur qui refait surface Continuer la lecture de « à quoi ça ressemble l’âme ? »

Second blasphème

Et son blanc visage se situait tout près du vermeil liquide qui sortait par cette bouche choc dont chaque mot étourdissant violait les béances, les gouffres de l’éternité, les lits chevets des tombes, les jours d’éveil en travers du corps : un rêve d’affres au bout de son scalpel, un rêve peint sur la toile, un rêve de paille et de mouches latines.

Blanc espace. « Tu m’aimes ? » « Tue-moi ! » « Tue-moi ! » La plainte dans la chambre comme un navire qui restait immobile, sommeil suspendu dans le vide. Sa bouche toujours plus lointaine riait la mort et la vie, la vie comme la mort. « Mue-toi ! » « Mue-toi, mue-toi ! Que ta bouche amère se transforme en oreille. » Continuer la lecture de « Second blasphème »

Un blasphème inachevé

Les jeunes filles murmuraient et redressaient leurs sourires et retiraient comme une plaie de métal en fusion ces baisers du front de leurs amants au cœur encore rouge. Adieu bien-aimés, adieu ! Adieu, anges de nos seins, aises de nos caprices.

Mais, songeaient les belles jeunes filles, que les yeux des hommes brûlaient, ainsi qu’un foyer qui rendrait des étincelles, comme ces tiges de fer rouge qui traversèrent nos corps de part en part. Continuer la lecture de « Un blasphème inachevé »

L’artiste ôte la souche de l’œil (fragments)

“Il y a deux espèces d’exemples :
l’une consiste à citer des faits antérieurs,
une autre à inventer soi-même.”
Aristote, Rhétorique

[…]

LIVRE SECOND

1 – Il est conseillé de louer pour accuser et, inversement il est déconseillé de blâmer pour se défendre. Les sources du faux qui n’en a que l’apparence portant la sentence même de son argumentation, principalement se convaincre soi-même que dans le calme se puise la haine et que dans la colère s’extraie l’amour et, inversement, l’amour s’épuise avec calme tandis que la haine s’estompe dans la colère. Pour toutes ces raisons, il est recommandé de se confier avec prudence à ceux qui vous écoutent et de ne prendre parti qu’en ayant à l’esprit la méthode susdite. Continuer la lecture de « L’artiste ôte la souche de l’œil (fragments) »

Les inattendus

avant-propos

1. Parle au sénat, parle à l’assemblée, parle en philosophe mais, ce faisant, parle au peuple.

2. Il est nettement plus difficile d’exprimer au peuple clairement ses idées que de lui produire une richesse oratoire et philosophique.

3. L’éloquence vient de l’audace à parler des lieux communs tels que la vie, la mort et l’amour.

4. Ce qui s’oppose à l’opinion commune souvent est bien près de la vérité.

5. A la lueur des nuits courtes et des veilles, ce travail a le mérite simplement de faire paraître la lumière [qui n’est pas seulement celle du jour]. Continuer la lecture de « Les inattendus »

Une hypothèse sans nom

Le cosmos prévalut comme vision esthétique
Et d’un mouvement parfait du premier cristal
Toute matière se vida
A moins qu’elle ne fut sujette au déclin

Circulaire perfection des anomalies
Dont l’envers survint aux révolutions

La théologie s’accordait à la logique
Les mathématiques à l’observation

Le centre où se place la terre au milieu des cieux
Fussent nos expériences celles que nous vivons
Est un possible erroné
Pour nous accommoder de la nature du passé
Qu’à présent il se livre sous nos yeux

Fusion de l’inimaginable avec l’incroyable
La réponse à la question se conjugue
Pour nous suggérer la naissance d’une promesse
Ultime Continuer la lecture de « Une hypothèse sans nom »