Présentation

par Jacques Deschamps

Il y eu les puissances masquées de la pluie, les divers « nombril du monde », puis vint l’envoûtement de l’information matinale poussant en amont les naissances latentes des mots dans nos bouches.
Racler… Racler jusqu'à l’os - la partie dure - entreprise de mise à nu, la tactique de la terre et du corps brûlés.
Un beau programme mais épuisant.
Épuisant puisse qu’il s’agit d’épuiser les possibilités.
Un concept chassant l’autre.
Que trouve-t-on après avoir effacé les idées, les images, la terre, le cosmos, et soi ? Est-ce qu’un dieu en cache un autre comme pour les trains ? (Selon la gnoséifique loi analogique microcosme / macrocosme)
Personnellement je préfère l’accumulation.
Certains diront (Je le sais ! Pas la peine de me raconter d’histoire !) qu’il y a déjà trop de viandes sur l’étal de nos représentations. ET ALORS ? Je répètes : ET ALORS. Bon je vais dire le truc sur les séquences.

SÉQUENCE : suite ordonnée d’éléments qui a pour fonction d’opérer le conditionnement, et / ou de fonder la nature, d’une représentation.
EXEMPLE : cheveux ? cheval ? galop ? liberté ? crinière ? cheval ? cheveux ? shampooing. Procédé qui hausse en ce cas précis le shampooing au niveau de l’idée et de l’affect ou qui rabaisse ceux-ci vers le shampooing. Je ne saurais dire.
J’emploi le terme de procédé car la publicité conçoit et utilise la séquence en terme de procédé. Nous pouvons même affirmer de tout message publicitaire qu’il est induit ; à double, triple induction ou à induction masquée.
L’induction masquée ? Définition : idée / affect ayant fortement pénétré le sujet, le sujet acceptant le terme ou résultante sans garder une trace consciente de la séquence.

Bien reprenons. La séquence, l’induction masquée sont des éléments constitutifs de notre préhension du monde, ou plus exactement c’est par eux que nous nous structurons mentalement. (Je m’avance peut-être un peu). Où veut-il en venir ? Oui, à quoi veux-je en venir ? Au collage sans doute… Oui, je fais des collages… Papier, ciseaux, colle, vous voyez le truc… Oui, un peu de peinture par-dessus, des fois… Non ce n’est pas systématique… Parfois… Ca dépend… Journaux, publicités, bouts de papier déchirés… Ce genre de machin quoi… Les images, leurs sens, leurs relations… Hein ! Oui, obsessionnel certainement… Pardon ? Est-ce là une démarche surréaliste ? Voire ! Le surréalisme tendait à changer les associations d’idées, d’images (séquences) pour changer le regard porté sur le monde et ainsi changer celui-ci. Le mouvement s’est éteint, mais pas son principe actif. Par exemple la publicité n’est que l’application des principes surréalistes à des fins marketing.
Le choix des séquences n’a pas uniquement pour finalité la vente d’un produit, mais également d’imposer une pensée, un mode de vie, un état d’être ; la publicité change et impose une certaine vision du monde, en s’appuyant sur les associations, car je le répète il y a en cela un principe actif qui modifie la perception de notre environnement, qui le structure par la maîtrise de l’idéation liée à l’image et à l’affect.

Définition de l’affect ? État affectif élémentaire.
Affection ? Voire affect, émotion, passion, sentiment.
Idéation ? Allez voire votre dictionnaire.

Ce qui est vrai pour la publicité, l’est également pour toute forme de propagande : politique, économique etc.…

Cela revient à dire que la séquence est une donnée constitutive de notre entendement.
Le collage est la traduction, la modalité du phénomène de la séquence.

Je ne tends pas vers la surréalité ni même vers la réalité. Le nihilisme ? Non plus.
Ouvrir un champ exploratoire. Un champ exploratoire fondé sur un mode expérimental effectif.

Combiner, recombiner des séquences et voire ce qui apparaît. Effet : annihilation d’une séquence induite, affirmation d’une autre. Mise en relation d’éléments considérés comme hétérodoxe. Mise en œuvre d’un champ combinatoire ouvert. Mise à plat de séquences dîtes « induction masquée ».
Il s’agit par la répétition, l’accumulation, de saisir la clef d’une proposition séquentielle afin de s’en rendre maître et, pourquoi pas, de former ses propres séquences ou, tout au moins, d’en saisir la portée.

Ne pas perdre de vue qu’une séquence est souvent autonome, elle se comporte — toute proportion gardée — comme une monade ; ses éléments sont collés de telle manière qu’elle est à elle-même sa propre fin. Elle ne peut interagir avec une autre monade, le système tourne en boucle ; elles ne se confrontent pas. Ainsi nous pouvons être agis par des séquences contradictoires sans que cela pose un problème à notre logique. Mais à l’inverse de la monade leibnizienne on peut en repérer la séquence et la dissocier, en changer la nature.

Un mode expérimental effectif ; en parallèle ou coexistant avec le collage séquentiel le collage dit spectroscopique par analogie. Au lieu de disperser un rayonnement il disperse les éléments constitutifs du langage, le réduit au phonème, à la lettre (peut apparaître un mot, une phrase) il semble aborder une phase antédicible ainsi qu’une certaine géométrisation de l’esprit. C’est sans doute une forme pré-séquentielle.
Je n’ai pas d’explication définie pour ce type de collage mais je le tiens pour indissociable du collage séquentiel. Ils entretiennent entre eux le même rapport qu’entre le jeu de cube, la peinture et le roman. La comparaison est maladroite, de plus, je pense que ces deux formes coexistent, l’une s’appuyant sur l’autre ; représentations virtuelles au sens philosophique, qui ne sont qu’en puissance avant que d’être en acte.

Il y eu les puissances masquées de la pluie…