L'Idiot
par Richard Huelsenbeck
Les ouïes grises se sont abaissées
les oreilles largement et péniblement ouvertes ;
l es yeux fixant stupidement des masses énormes
de mondes. Excrément des races.
Autour de lui ils clignèrent avec les couverts
de table,
avec des tissus rouges ils excitent le taureau ;
mais lui sombre et flotte loin d'ici
sur des plates-bandes de tulipes.
La lanterne est accrochée devant son nez ;
il les bouge à peine, ses longs bras de singe,
il hurle en riant mais il semble poussé
à la mélancolie et à l'affliction la plus profonde.
Dans des églises les tapis rouges sont suspendus
;
un prêtre, lubrique, veut le laver avec des pinceaux.
Alors la voiture brûle. Les fonctionnaires l'attrapent
devant l'autel où se balancent les bougies.
Il appuie avec effort les bras contre des courroies
résistantes,
les nerfs de bœuf claquent, durs sont les barres de fer,
et les murs, qui sautaient et dansaient autour de lui,
déchirent les ouïes abaissées.
Un colibri gazouillant est assis sur la charogne,
les branches caressnt délicatement ses jambes
qui, droites comme des poteaux indicateurs,
zyeutent hors de son ventre. En pleine lumière du soleil luisant.
Des bousiers beuglent au plus profond de ses reins
;
ils se sont ennivrés du pus, chaude.
Un enfant de paysan jette des pierres vers les bouts
de ses pieds. Un garçon de ferme chie sur lui.
1916